Père Hamel : ce que savaient les services de renseignement ?

Publié le mardi 15 février 2022Rédigé par Martîne et Scott Hamilton
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Père Hamel : ce que savaient les services de renseignement ? C’était le 26 juillet 2016 dans la petite église de Saint-Étienne-du-Rouvray (Seine-Maritime). Un acte odieux allait être perpétré contre un homme sans défense de quatre-vingt cinq ans. Un prêtre tué de deux coups de couteau. Depuis, dans ce petit village, l’horreur qu’a suscité ce crime ne s’est toujours pas dissipée... Hier 14 février, s’est ouvert le procès de quatre complices présumés des assassins, Adel Kermiche et Abdel Malik Petitjean, devant la cour d’assises spéciale de Paris.

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Larmes et encre

C’est une petite cité normande de plus de vingt-huit mille âmes. Comme toutes ces citadelles où la vie s’écoule tranquillement, elle se serait bien passée de la triste actualité qui l’a endeuillée en juillet 2016. Un prêtre honteusement assassiné par deux terroristes islamistes juste après sa messe. Cette affaire à, naturellement, fait couler beaucoup de larmes et d’encre. Le procès des quatre hommes dont il va falloir déterminer quel rôle exact qu’ils ont joué dans le cadre cet acte terroriste

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Abattus par la police

Fichés S. Adel Kermiche et Abdel Malik Petitjean, les deux assaillants, ( 19 ans ) très actifs au sein de la sphère djihadiste, se réclamaient de cette organisation. Ils ont été abattus par la police le même jour. Or, ne pouvant être jugés jugés, quatre proches soupçonnés d’avoir tenu un rôle dans cet assassinat devront donc répondre à la Justice. Que leur reproche-t-on au juste ? Et que savaient les services de renseignement ? Cet attentat aurait-il pu être évité envers le Père Hamel ? Car, en effet, le risque zéro n’existe pas ! D’ailleurs, comment repérer ces deux terroristes malgré la présence de cette fameuse fiche S ?

La fiche S

Ce document « n’entraîne aucune action automatique de coercition à l’encontre d’une personne » précise Wikipedia. Il est divisé en plusieurs sous-catégories comme la fiche S14 où figurent les djihadistes de retour d’Irak ou de Syrie. Avec une durée de conservation de deux ans elle peut être renouvelée ou détruite si la personne fichée ne se fait plus remarquer. Mais, dans la circonstance, quelques jours avant l’attentat, deux vidéos diffusées par Abdel Malik Petitjean, l’un des deux assaillants avait été repéré par la D.G.S.I. sans toutefois identifier le nom de l’auteur.

Des questions qui restent posées

L’homme y prête allégeance à Abou Bakr al-Baghdadi. Il y rélève même : “ une attaque dévastatrice, une attaque qui va bouleverser le cœur des mécréants ”. Le jour de l’attentat sa diffusion nationale est effectuée au sein des services de police afin d’identifier son auteur. " L’individu serait déjà présent en France et pourrait agir seul ou avec d’autres individus. La date, la cible et le modus operandi de ces actions sont pour l’heure inconnus », précise la fiche. Mais, personne n’identifie le jeune homme qui faisait l’objet d’une fiche S. Quant au deuxième assaillant, Adel Kermiche d’autres questions restent posées à ce jour dans le cadre de l'assassinat du Père Hamel...

Plus assouvi ?

En outre, à deux reprises, dans le courant de l’année 2015, ce djihadiste avait tenté de rejoindre la zone irako-syrienne. Lors de sa deuxième tentative, il avait été incarcéré dix mois. Ensuite, placé sous contrôle judiciaire et sous surveillance électronique grâce à un bracelet, il devait se soumettre, chaque semaine, à un rendez-vous auprès du S.P.I.P. Jouant son rôle parfaitement, il affichait alors le portrait de quelqu’un plus assouvi. Cependant, une enquête ultérieure démontre l’inverse : “ En dépit de cette mesure de sûreté, il est établi qu’Adel Kermiche avait continué à se montrer très actif dans la djihadosphère »”

" Tu prends un couteau..."

Alors, bien sûr, ce sont toujours les mêmes questions qui nous viennent à l’esprit. Toujours, aussi, la même incompréhension. Par ailleurs, sur sa chaîne Telegram : « Haqq-Wad’Dalil », ouverte par ses soins en juin 2016, le 21 juillet, un agent de la Direction du renseignement y découvre que ce dernier à posté cent dix-huit photos, trois vidéos et quatre-vingt neuf messages vocaux. Sa maléfique détermination va jusqu’à répondre, le 19 juillet à la question d’un internaute : “ Tu prends un couteau, tu vas dans une église, tu fais un carnage, même tu tranches deux trois têtes, c’est bon, c’est fini... ...Personnellement, si j’avais la possibilité de faire un attentat, c’est-à-dire armes, tout le délire, tout ça franchement, faut sauter sur ce genre d’occasion…”

Doutes sérieux

Évidemment, l’agent de la D.R.P.P., prend alors connaissance de ces odieux messages. Dans son élan, il rédige une note qui doit être transmise à la Direction Générale de la Sécurité Intérieure. Elle n’y parviendra jamais. Alors y a-t-il donc eu des défaillances de part et d’autres ? Pourtant, les échanges d’informations sont permanent entre la D.G.S.I. et la D.R.P.P. Aujourd’hui, il existe des doutes sérieux dans l’efficacité des transmissions entre ces services. Enfin, il serait temps de comprendre qu’un bracelet électronique ne peut neutraliser un passage à l’acte ni de détecter un quelconque maintien dans la radicalisation !

A Saint-Étienne-du-Rouvray les paroissiens pleurent toujours le Père Hamel tragiquement disparu et prient pour que plus jamais de tels actes puissent se perpétrer sur le sol français...

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