Pourquoi du muguet le 1er mai ?

Publié le jeudi 1 mai 2025Rédigé par Béatrice Montfort
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Pourquoi du muguet le 1° Mai

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Pourquoi du muguet le 1er mai tradition populaire, hommage royal et fête ouvrière ? Le muguet, aussi appelé Convallaria majalis, pousse dans les sous-bois européens dès la fin avril. Sa floraison précoce, sa blancheur immaculée et son parfum délicat ont très tôt inspiré l’imaginaire collectif. Mais ce n’est pas la nature seule qui l’a consacré emblème du 1er mai  c’est l’Histoire, enchevêtrée de gestes royaux, d’élans populaires et de luttes sociales. En 1561, le roi Charles IX, charmé par cette plante délicate reçue en présent, aurait décidé d’en offrir chaque printemps aux dames de la cour, inaugurant ainsi une coutume aristocratique. Ce geste, bien que royal, ne s’imposera pas immédiatement à tout le peuple de France. Il faudra attendre plusieurs siècles pour que la tradition s’ancre dans le calendrier populaire.

La fête du travail, venue d’Amérique

La célébration du 1er mai comme Fête du Travail ne naît pas en France, mais aux États-Unis, à la fin du XIXe siècle. Le 1er mai 1886, à Chicago, des milliers d’ouvriers manifestent pour obtenir la journée de huit heures. La répression sanglante qui s’ensuit, connue sous le nom d’« émeutes de Haymarket », marquera les esprits. En 1889, lors du congrès fondateur de la Deuxième Internationale socialiste à Paris, les délégués de nombreux pays choisissent le 1er mai comme journée internationale des revendications ouvrières. Dès lors, des cortèges s’organisent dans de nombreux pays, chaque année, à cette date. La France s’inscrit peu à peu dans ce mouvement, bien que les autorités y voient, pendant longtemps, une menace subversive.

La fleur d’un peuple en marche

En France, les premiers cortèges du 1er mai portaient souvent une fleur rouge, emblème du sang ouvrier versé et du lien avec le socialisme. Le triangle rouge, symbole des trois temps de la journée idéale (travail, loisir, sommeil), faisait également office de signe de ralliement. Mais dès les années 1900, le muguet commence à apparaître timidement comme alternative. Sa symbolique est tout autre : il annonce le renouveau, le printemps, l’espoir. Le rouge, couleur du conflit, laisse place au blanc, couleur de la paix. En 1907, les grands magasins parisiens offrent du muguet à leurs clientes. En 1911, les couturiers s’en emparent, on en voit alors épinglé sur les revers de vestes dans les défilés de mode. Le glissement est progressif : d’un emblème révolutionnaire, le 1er mai devient un jour de célébration plus consensuelle, dans lequel le muguet trouve naturellement sa place.

Pétain, la récupération d’un symbole

Durant l’Occupation allemande, le régime de Vichy tente de remodeler la symbolique du 1er mai. En 1941, Philippe Pétain instaure officiellement le 1er mai comme "Fête du Travail et de la Concorde sociale". Il interdit la fleur rouge, jugée trop politisée, et favorise le muguet comme symbole inoffensif d’unité nationale. C’est dans ce contexte ambigu que naît l’habitude d’associer le muguet à la Fête du Travail, non plus uniquement à travers des cortèges syndicaux, mais comme geste individuel. On s’offre du muguet entre proches, parfois entre collègues la plante devient un langage, un clin d’œil au passé tout en s’ancrant dans le présent.

Un brin légal : le muguet vendu sans autorisation

Une particularité remarquable accompagne le 1er mai : ce jour-là, n’importe quel particulier peut vendre du muguet dans la rue sans déclaration préalable, à condition de respecter quelques règles (pas d’emballage plastique, pas d’installation fixe, pas devant une fleuristerie). Cette tolérance, bien qu’encadrée, traduit une volonté de préserver un certain folklore populaire. Chaque année, dans de nombreuses villes, des enfants vendent quelques brins de muguet aux passants, retrouvant ainsi une forme de lien direct entre tradition, échange et convivialité.

 

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